18 avril 2019 : Chantiers d’Europe en Sorbonne
L’académie de Paris et le Théâtre de la Ville à Paris dédient à la jeunesse une soirée spéciale de Chantiers d’Europe, le jeudi 18 avril, de 19 h à 21 h, dans le Grand Amphithéâtre de la Sorbonne.
Il suffit de retourner aux deux adresses : laurent.pejoux@ac-paris.fr et francoise.gomez@ac-paris.fr le bulletin de participation ci-joint, et la liste correspondante des personnes concernées.
Vous pourrez lire en pièce jointe le courrier cosigné de M. le recteur de la Région académique Ile-de-France, recteur de Paris, chancelier des Universités, et d’Emmanuel Demarcy-Mota.
Merci de votre attention, et de votre participation !
Pour terminer cet appel, l’immense voix de Victor Hugo en 1849, au cœur de la IIe République, est là qui nous rappelle que l’idéal européen a précédé les guerres qui, s’il avait davantage été écouté, auraient pu épargner notre continent. L’actualité de cet idéal est notre actualité.
L’idée de l’Europe
Victor Hugo au Congrès de la paix
le 21 août 1849
« Messieurs, si quelqu’un, il y quatre siècles, à l’époque où la guerre existait de commune à commune, de ville à ville, de province à province, si quelqu’un eût dit à la Lorraine, à la Picardie, à la Normandie, à la Bretagne, à l’Auvergne, à la Provence, au Dauphiné, à la Bourgogne :
Un jour viendra où vous ne vous ferez plus la guerre, un jour viendra où vous ne lèverez plus d’hommes d’armes les uns contre les autres, un jour viendra où l’on ne dira plus : “Les Normands ont attaqué les Picards, les Lorrains ont repoussé les Bourguignons.” Vous aurez bien encore des différends à régler, des intérêts à débattre, des contestations à résoudre, mais savez-vous ce que vous mettrez à la place des hommes d’armes ? Savez-vous ce que vous mettrez à la place des gens de pied et de cheval, des canons, des fauconneaux, des lances, des piques, des épées ? Vous mettrez une petite boîte de sapin que vous appellerez l’urne du scrutin, et de cette boîte il sortira, quoi ? une assemblée ! Une assemblée en laquelle vous vous sentirez tous vivre, une assemblée qui sera comme votre âme à tous, un concile souverain et populaire qui décidera, qui jugera, qui résoudra tout en loi, qui fera tomber le glaive de toutes les mains et surgir la justice dans tous les cœurs, qui dira à chacun : “Là finit ton droit, ici commence ton devoir. Bas les armes ! Vivez en paix !”
Ce jour-là, vous ne serez plus des peuplades ennemies, vous serez un peuple; vous ne serez plus la Bourgogne, la Normandie, la Bretagne, la Provence, vous serez la France. Si quelqu’un eût dit cela à cette époque, messieurs, tous les hommes positifs, tous les gens sérieux, tous les grands politiques d’alors se fussent écriés : “Que voilà une étrange folie et une absurde chimère !”
– Messieurs, le temps a marché et cette chimère, c’est la réalité.
Eh bien ! vous dites aujourd’hui, et je suis de ceux qui disent avec vous, tous, nous qui sommes ici, nous disons à la France, à l’Angleterre, à la Prusse, à l’Autriche, à l’Espagne, à l’Italie, à la Russie, nous leur disons :
Un jour viendra où les armes vous tomberont des mains, à vous aussi !
Un jour viendra où vous France, vous Russie, vous Italie, vous Angleterre, vous Allemagne, vous toutes, nations du continent, sans perdre vos qualités distinctes et votre glorieuse individualité, vous vous fondrez étroitement dans une unité supérieure, et vous constituerez la fraternité européenne, absolument comme la Normandie, la Bretagne, la Bourgogne, la Lorraine, l’Alsace, toutes nos provinces, se sont fondues dans la France. Un jour viendra où il n’y aura plus d’autres champs de bataille que les marchés s’ouvrant au commerce et les esprits s’ouvrant aux idées.
Un jour viendra où les boulets et les bombes seront remplacés par les votes, par le suffrage universel des peuples, par le vénérable arbitrage d’un grand Sénat souverain qui sera à l’Europe ce que le parlement est à l’Angleterre, ce que la diète est à l’Allemagne, ce que l’Assemblée législative est à la France !
Un jour viendra où l’on montrera un canon dans les musées comme on y montre aujourd’hui un instrument de torture, en s’étonnant que cela ait pu être !
Un jour viendra où l’on verra ces deux groupes immenses, les États-Unis d’Amérique, les États-Unis d’Europe, placés en face l’un de l’autre, se tendant la main par-dessus les mers, échangeant leurs produits, leur commerce, leur industrie, leurs arts, leurs génies. »
Victor Hugo, Congrès de la paix, 21 août 1849.
les articles consacrés à l’Europe.