500 élèves migrants à la Sorbonne pour la langue française
.Mercredi 23 septembre 2015, 17 h, grand amphithéâtre de la Sorbonne, à Paris.
500 enfants et adolescents, de 11 à 19 ans, accompagnés de leurs parents, de leurs professeurs, de leur chef d’établissement, admirent les lieux avant le début de la cérémonie. Ils sont tous migrants, et collégiens ou lycéens parisiens.
Au premier rang, un parterre de personnalités, dont M. Loïc Depecker, délégué général à la langue française et aux langues de France, et les plus hauts représentants du rectorat. M. François Weil, recteur de l’académie de Paris et chancelier des universités, félicite ces élèves parisiens…
Car, ce jour-là, ce sont eux les vedettes. Ils ont réussi le Diplôme d’études en langue français, le DELF, que passent les élèves scolarisés par le Casnav dans les Upe2a ! Comme les acronymes de l’Éducation nationale s’apparentent quelquefois à une langue étrangère, voici le décryptage de cette cérémonie, symbole de l’apprentissage du français en tant que langue scolaire étrangère.
CASNAV, UPÉ2A…
Les élèves non francophones sont scolarisés par le Centre académique pour la scolarisation des nouveaux arrivants et enfants du voyage (CASNAV), dans des structures, les Unités pédagogiques pour élèves allophones arrivants (UPÉ2A).
Dans la grande majorité des académies, ces élèves préparent le Diplôme d’étude de langue française, le DELF. Peu connu du grand public et des professeurs hors UPÉ2A, plus de 20 000 candidats ont passé le DELF l’année dernière sur la France. À Paris, un millier de candidats de 91 nationalités différentes se sont inscrits, et près de 800 candidats ont été reçus.
.À quoi sert le DELF ?
Ce diplôme n’est pas nécessaire pour la scolarité des collégiens et lycéens, comme il n’est pas nécessaire d’obtenir le brevet pour passer au lycée. Cependant, à voir les visages des lauréats mercredi, le nombre de smartphones en mode photo, on comprend rapidement l’importance de ce diplôme dans le parcours de ces élèves migrants. Premier diplôme pour les collégiens, premier diplôme en France pour les lycéens, il est tout à la fois source de fierté et témoignage d’une insertion scolaire et sociale réussie.
Chaque profil est unique, et le DELF s’adapte assez bien aux progressions individuelles. Dans l’Éducation nationale, une convention régit ce diplôme, passée entre le ministère de l’Éducation nationale et le Centre international d’études pédagogiques (CIÉP). Les élèves peuvent le passer gratuitement et présenter l’un des trois degrés suivant leur niveau de francophonie : A1 pour les moins avancés, A2 et B1.
Le jour de l’examen, les candidats passent quatre épreuves : deux épreuves de compréhension (orale et écrite), et deux épreuves de production (orale et écrite également). Si un candidat obtient 50 sur 100 (tout en ayant plus de 5/25 à chaque épreuve), il est admis !
Le nombre de candidats augmente chaque année et l’épreuve se révèle une étape essentielle de l’apprentissage du français. Les élèves s’entraînent en classe, avec leur professeur de français, et la perspective du diplôme motive l’ensemble des troupes.
.Une étape essentielle dans le parcours d’apprentissage
« Quand je suis arrivé en France, je ne parlais pas du tout français. J’ai passé le DELF A2 après six mois de cours, j’étais content. Je me suis entraîné et c’était pas trop difficile pour moi. » Ivan, Ukrainien fraîchement parti de Donestk, est arrivé en cours sans même comprendre ce que signifiait « bonjour ». Le DELF a été pour lui, comme pour la plupart des candidats, une motivation supplémentaire pour progresser plus vite.
Parmi la foule adolescente de la Sorbonne, on retrouve des élèves arrivés en France il y a quelques mois, ou un an. Certains n’ont jamais été scolarisés avant leur migration et passent généralement le DELF A1 ; d’autres ont dû simplement transférer leurs connaissances en français. Et c’est plus ou moins facile, selon la langue d’origine.
La famille de Kady Diatou est ivoirienne, mais elle est née en Italie et a l’italien comme langue maternelle. Chez elle, on parlait bambara, français et italien, c’est donc plus facile pour elle de progresser en français que pour Li Yuan, arrivé d’une région rurale de Chine, où même le mandarin n’est pas forcément maîtrisé par la population… mais qui est, lui aussi, l’un des lauréats du DELF.
Pour certains, ce diplôme est nécessaire. Par exemple, quand un adolescent retourne dans son pays d’origine, c’est à coup sûr une validation d’acquis pour l’une des langues étrangères du cursus scolaire. Ou bien pour faire une demande de titre de séjour en France, quand la majorité approche.
La cérémonie du 23 septembre s’est terminée par un buffet, autour duquel les personnalités et les lauréats ont pu échanger, sans autre forme de protocole. Voir les familles s’attarder en Sorbonne pour se photographier avec le diplôme en main sonne comme une petite victoire sur le parcours scolaire encore long de ces jeunes migrants, et reflète ce que les enseignants d’UPÉ2A vivent au quotidien : leur métier s’apparente à une aventure.
Le monde de l’enseignement du français en tant que langue étrangère scolaire est souvent teinté de mystère… nous tenterons de vous le faire découvrir dans les pages Actualités de l’École des lettres. Mais sachez que des habilitations pour devenir membre du jury des sessions du DELF scolaire sont organisées par vingt-sept académies.
Si vous êtes intéressés, nous vous invitons à contacter le Casnav de votre académie.
Stéphane Paroux
.
Témoignages des lauréats
https://www.actualites.ecoledeslettres.f/wp-content/uploads/2015/10/00000_converted.mp4?_=1
.
.• Vidéo : Témoignages d’enseignants sur le site du Centre international d’études pédagogiques à l’occasion de la cérémonie de remise des diplômes du DELF scolaire de l’académie de Paris.
• Vidéo : présentation du CASNAV de l’académie de Paris.
• Le portail CASNAV de l’académie de Paris.
• Le site de la Délégation générale à la langue française et aux langues de France : DGLFLF.
• Le site de la Fondation Seligmann… pour vivre ensemble.
*
Vous êtes professeur de CASNAV et souhaitez présenter
votre démarche, mettre en valeur le travail de vos élèves : contactez la rédaction de « l’École des lettres » :
courrier@antouun.com / 01 42 22 94 10