Talis 2018. Quelles perspectives pour les enseignants ?

L’enquête TALIS 2018 (Teaching And Learning International Survey) repose sur un échantillon représentatif de 4 000 enseignants et chefs d’établissements français répartis sur 200 établissements hexagonaux.
48 pays participants et plus de 200 000 enseignants sont consultés tous les cinq ans sur des thématiques liées aux pratiques et à à la formation des enseignants, au climat scolaire, à la satisfaction professionnelle, à l’évaluation et à la gestion du personnel, ce qui permet des comparaisons souvent suggestives entre les différentes politiques éducatives conduites à travers le monde.

Dès la publication des premiers résultats, le ministère s’est empressé de communiquer sur les bons chiffres de motivation positive des enseignants (l’enseignement est le premier choix de carrière pour 69 % des professeurs) et de justifications éthiques d’entrée dans le métier (contribuer à l’éducation de la jeunesse, pour 92 % d’entre eux), tandis que les médias populaires retenaient surtout les moins bons scores des enseignants français face au chahut, aux élèves perturbateurs, au harcèlement physique (plus de temps passé à rétablir le calme, plus d’inexpérience de gestion des situations).
Entre la satisfaction du ministère et la dramatisation des médias, il y a peut-être place à des observations pus utiles à l’analyse du métier d’enseignant.
Sur le plan socio-démographique, il est à noter que l’âge moyen des enseignants est de 43 ans, celui des chefs d’établissement de 53 ans, ce qui signifie que plus ou moins un quart des personnels d’enseignement seront à renouveler d’ici dix ans. On le voit, plus que jamais le problème du recrutement s’avère un enjeu décisif pour notre système éducatif de demain et son évolution ne peut être écartée.
Par ailleurs, les femmes à la tête d’établissement sont nettement minoritaires (41 %) ce qui est aussi un problème d’équilibre des sexes et une réflexion à conduire sur les raisons qui les dissuadent de postuler aux fonctions de direction.
Enfin l’hétérogénéité sociale des populations fréquentant les collèges de France est plus forte que la moyenne européenne, ce qui rend plus aigu pour les enseignants le problème éthique de l’éducation au respect de la différence, et le problème pédagogique de l’enseignement différencié.
Une corrélation apparaît entre temps de travail effectif et hétérogénéité de classe: moins il y a d’élèves de milieux socio-économiques défavorisés, plus le temps de travail augmente (variation de quatre minutes sur une heure).
Sur le plan de la formation, il est à noter que seuls les enseignants français sont recrutés en deux temps : ils reçoivent d’abord une formation disciplinaire puis une formation pratique. Partout ailleurs la formation est simultanée dès le début des études supérieures. Voilà qui devrait alimenter les réflexions sur la place respective de l’enseignement académique et de l’enseignement pédagogique dans notre système. Conséquence de notre fonctionnement : 55 % des enseignants français ont été formés à la gestion des comportements d’élèves en classe contre 75 % pour la moyenne européenne.
Plus largement, on peut se demander si ce manque de reconnaissance du pédagogique dans la formation initiale n’explique le taux le plus faible de participation à la formation continue réalisé par les enseignants français. C’est un problème qui peut appeler plusieurs hypothèses : inadéquation de l’offre de formation avec la demande enseignante, incompatibilité des emplois du temps avec les formations, manque d’incitation ou de reconnaissance.

Pascal Caglar

Présentation de l’enquête TALIS (Teaching And Learning International Survey)  2018 sur Eduscol.
Questionnaire destiné aux enseignants.
Questionnaire destiné aux chefs d’établissements.
• Le rapport TALIS 2018.
OCDE : Les pays doivent rendre la carrière enseignante plus intéressante d’un point de vue financier et intellectuel.
Voir également sur ce site :
TALIS 2018. L’état d’esprit des professeurs français : des résultats d’enquête à pondérer, par Antony Soron.
La révolution permanente de la formation des enseignants, par Antony Soron.
La formation des enseignants au crible de la Cour des comptes, par Antony Soron.
Consultation citoyenne sur l’Europe : l’expertise au service de l’éducation et de la formation, par Viviane Devriésère et Fabrice Fresse.
Une passion pour la littérature suffit-elle pour être professeur de français ?
Professeur de lettres : en cours, pour surprendre, il faut innover, par Claudine Arditty.
 

Pascal Caglar
Pascal Caglar

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