« Les 100 mots de l’Italie », de Michel Feuillet
Plus que de Tennessee, nous avons tous en nous quelque chose de l’Italie. Ou mieux, nous nous sentons tous un peu Italiens, ce qui permet de rappeler la boutade de Jean Cocteau : « Un Français, c’est un Italien de mauvaise humeur. »
Pour aller à la rencontre des vrais Italiens et de leur merveilleux pays, pour comprendre leur mode de fonctionnement, apprécier leurs nombreuses qualités et retrouver leurs insupportables défauts (dont ils sont les premiers à se moquer, comme le démontre l’entrée « Autodérision »), nous invitons, entre deux voyages dans la péninsule, à parcourir avec attention ce petit bijou de concision, d’élégance, de rigueur et d’humour que sont Les 100 mots de l’Italie signés de Michel Feuillet, grand spécialiste de la langue et de la culture italiennes.
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Cent mots pour notre sœur latine…
Certes, la petite et fort ancienne collection « Que sais-je ? » où paraît l’ouvrage, souffre d’une présentation un peu austère, d’une absence d’illustrations, d’une pagination réduite. Certes, se limiter à cent mots pour parler de notre sœur latine peut sembler largement insuffisant. Mais on peut tourner ces handicaps en avantages : nous ne sommes pas distraits par une maquette clinquante et aucun remplissage ne vient grossir l’ouvrage qui se contente de dire (et fort bien) l’essentiel.
Michel Feuillet décrit, explique, commente, analyse (en s’abstenant souvent de juger), servi par une érudition impeccable, une empathie sans complaisance et un style soigné et plein de finesse. Les « incontournables » (comme on a l’habitude de dire) sont bien là, mais traités a minima et sur le registre dénotatif, avec parfois un léger décalage amusé. Ainsi pour Commedia dell’arte, Fascisme, Gondole, Mafia, Pâtes, Pizza, Risorgimento, Vespa, etc.
-issimo !
Mais à côté de ces valeurs sûres, présentées d’ailleurs souvent de manière assez neuve, nous relevons quelques entrées originales ou inattendues, comme Bacio, pas le baiser, mais la friandise au chocolat de Perugina devenue un véritable objet de culte ; Carabinier, la corporation, jugée stupide, étant l’objet de moqueries sous forme de barzalette, nom local des « blagues » ; Dix-sept, nombre de la superstition négative, équivalent de notre « treize » ; Hendécasyllabe vers de onze syllabes dominant de l’autre côté des Alpes qui ignore presque l’alexandrin ; Design que l’Italie, pays du bon goût, a pratiquement inventé et continue d’illustrer ; –issimo, superlatif charmant qui s’accorde à un pays sensible à l’amplification.
Au fil des pages, même les familiers de la patrie de Dante rencontreront quelques heureuses surprises : celle du « Code fiscal » sésame universel du citoyen italien ; du Calcio (football) en costumes pratiqué à Florence pour une fête du mois de juin ; des huit symboles nationaux qui figurent sur l’avers des pièces d’1 ou 2 euros frappées en Italie et qui représentent « tout le faisceau de la culture italienne, dans le temps et dans l’espace » ; de trois Italiennes remarquables, bien que fort différentes, dans ce pays de masculinité, Catherine de Sienne, Maria Montessori et la Cicciolina, toutes trois ayant en commun d’avoir souhaité « briser les schémas traditionnels assignés aux femmes en général »…
Mais aussi de l’art de manier la fourchette pour avaler avec dextérité ses Spaghetti alle vongole ; du Mammismo, ce culte excessif de la Mamma ; d’un exemple de rapprochement entre le nord et le sud sur le thème de la mode, grâce à l’alliance du Sicilien Domenico Dolce et du Milanais Stefano Gabbana ; des pères de la patrie, honorés partout ; des Veline (jeunes filles sexy) indispensables dans les émissions populaires de la télévision ; des titres professionnels généreusement distribués (Professore, Ingeniere, Dottore…) ; du rôle et de la fonction des fontaines, des places, des jardins, de l’espace urbain…
L’Italie, l’Europe et l’ailleurs
À parcourir le délicieux ouvrage de Michel Feuillet, on prend un plaisir rare, on sent aussi monter l’urgence d’aller vérifier sur place la validité de ses informations et on comprend mieux enfin pourquoi l’Italie « jouit d’un niveau de reconnaissance très fort dans l’imaginaire collectif en Europe et ailleurs et dans le monde entier ».
Yves Stalloni
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• Michel Feuillet , « Les 100 mots de l’Italie », PUF, « Que sais-je ? », 2013, 128 p.
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Monsieur,
Je suis en train de lire l’ouvrage « Les 100 mots de l’Italie » de chez PUF.
Il y un point sur lequel je crois qu’il y a erreur :
Années de plomb, PAGE 9.
L’attentat de Piazza Fontana du 12 décembre 1969 aurait été commis non pas par les Brigate Rosse mais par des Néofascistes, paraît-il liés à certains membres déviés des Services. Il est vrai que la vérité n’a malheureusement jamais éclairci ce drame.
Cela juste pour rester dans le sillon des présomptions, du moins locales.
Bien cordialement
Thierry DE MOLLING