Agrégation de lettres 2023-2024 : une occasion de revisiter les classiques
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Les quatre agrégations de lettres – interne, externe, lettres classiques et lettres modernes – ont en commun le programme de littérature française, renouvelé chaque année. Celui de la session 2023-2024 comporte des œuvres du patrimoine littéraire français propices aux redécouvertes.
Au niveau du programme de littérature française, les agrégations externe et interne diffèrent. En interne, le renouvellement du programme est partiel d’une année à l’autre, alors qu’il est total en externe. Ainsi, les agrégatifs interne en lettres classiques et lettres modernes conservent Les Pleurs de Marceline Desbordes-Valmore pour la session 2023-2024 au détriment des Fabliaux du Moyen Âge dont héritent les deux agrégations externes.
On distinguera dans la présentation du programme de littérature trois groupes d’œuvres.
1. Les œuvres patrimoniales faisant l’objet d’études scolaires du collège au lycée.
– Moyen Âge : Fabliaux du Moyen Âge.
– XVIe : Louise Labé, Oeuvres.
– XXe : Nathalie Sarraute, Le Silence et Pour un oui ou pour un non.
– XVIIIe : Prévost, Histoire d’une Grecque moderne.
– XIXe : Charles Baudelaire, Écrits sur l’art : « Salon de 1845 », « Salon de 1846 », « Salon de 1859 ».
3. Une œuvre singulière sortie des radars scolaires.
– XVIIe : Honoré d’Urfé, L’Astrée, Première partie.
Les œuvres patrimoniales faisant l’objet d’études scolaires
Les Fabliaux du Moyen Âge ont depuis longtemps trouvé leur place en classes de sixième, cinquième, où le Roman de Renart reste largement enseigné. Récits courts (Le Roman de Renart faisant exception), composés en octosyllabes, souvent non exempts de grossièreté dans ses versions originales et non édulcorées, leur finalité reste de soutenir une trame comique et de produire une moralité finale.
Épouse volage, prêtre stupide, vilain berné par toutes et tous, le comportement des protagonistes du fabliau demeure incompatible avec l’idéologie courtoise et romanesque. Son audience était d’ailleurs au XIIe-XIVe siècle essentiellement populaire, tandis que ses auteurs étaient pour la plupart anonymes. Son influence durable, entre autres, sur l’œuvre de Rabelais, La Fontaine, Molière et même Voltaire, n’est plus à démontrer, comme l’indique l’historien et sociologue de la littérature Alain Viala dans une courte introduction audio (1).
Non moins investie par les programmes scolaires, l’œuvre de Louise Labé (1524-1566) retient en général l’attention des professeurs en classe de quatrième (axe : « Dire l’amour ») et en classe de seconde (axe : « La poésie du Moyen Âge au XVIIIe siècle »). Au sein de son œuvre brève (3 élégies et 25 sonnets), c’est en général son fameux « Je vis, je meurs ; je me brûle et je me noie », poème lyrique usant de décasyllabes (1555), qui est retenu. Ce texte emblématique en ferait presque oublier l’extraordinaire modernité de l’ensemble de son œuvre, reconnue notamment par sa consœur Marceline Desbordes-Valmore dans un poème éponyme, « Louise Labé », extrait du recueil, Les Pleurs :
« Et toujours par ta chaîne au rivage attachée, / Comme une nymphe triste au milieu des roseaux, / Des roseaux à demi cachée, / Louise ! tu chantas dans les fleurs et les eaux. »
Louise Labé, Les Pleurs
Renversant la logique pétrarquiste selon laquelle la femme serait l’unique objet érotique de la poésie amoureuse, cette nouvelle Sapho (poétesse grecque originaire de l’île de Lesbos) blâmée par Calvin en son temps, se montre infiniment audacieuse. Ne parvient-elle pas à secouer la rhétorique traditionnelle tout en assumant l’expression pleine et entière du désir féminin ? Mireille Huchon, professeure de littérature, fait observer la singularité de son art poétique : « On se rend compte qu’il y a des pièces très obscènes dans la poésie de Louise Labé. » (2)
Autre femme de lettres éminente du patrimoine littéraire français, Nathalie Sarraute (1900-1999) est en général découverte par les élèves en classe de troisième, par le biais de son récit autobiographique, Enfance (1983). Par ailleurs, son essai critique, L’Ère du soupçon (1959) en fait une sorte de papesse du Nouveau Roman. Sa radicalité esthétique s’exprime notamment dans l’extrait suivant : « [I]l faut éviter que [le lecteur] se laisse accaparer par les personnages […]. »
L’art polygraphique de Nathalie Sarraute est confirmé par son intense activité de dramaturge, à l’honneur donc dans le programme de l’agrégation. Ses pièces, dont celles au programme, Le Silence (1967) et Pour un oui ou pour nous (1982), créées pour la plupart par la Compagnie Renault-Barrault, tendent à répondre à l’enjeu fondamental que l’autrice assigne à son œuvre littéraire :
« [Montrer que, quand on a l’impression qu’il ne se passe rien, qu’il n’y a rien, eh bien il y a quelque chose qui se développe […] Plus cela est à peine visible et paraît anodin à l’extérieur, plus cela m’intéresse. » (Entretiens avec Nathalie Sarraute, de Simone Benmussa, éditions de la Renaissance du livre, collection signatures, 1999).
Histoire d’une Grecque moderne de l’Abbé Prévost et Les Écrits sur l’art de Baudelaire
La postérité d’un écrivain tient souvent à un texte phare, arbre qui cache la forêt de son œuvre. C’était valable pour Louise Labé ; c’est aussi vrai pour l’Abbé Prévost (1697-1763), dont Manon Lescaut (1731) est au programme de l’épreuve anticipée de français cette année. Le mérite des concepteurs des programmes est donc de remettre en perspective la richesse de l’œuvre romanesque d’un auteur aventureux, qui, à la manière de son héros, Des Grieux, n’a cessé d’osciller dans son existence tumultueuse entre rentrée dans les ordres et existence à la marge.
Le roman sélectionné, Histoire d’une Grecque moderne (1740), s’apparente à la confession d’un ancien ambassadeur de Constantinople qui cherche à comprendre les tracas amoureux dont il se dit avoir été victime (4). Le personnage libère ainsi une jeune Grecque du harem sans que celle-ci (Théophé) ne lui en soit redevable. Le questionnement du narrateur-personnage a d’ailleurs pu inspirer celui de Proust à propos de la mystérieuse et potentiellement infidèle Albertine dans La Prisonnière(1923).
Le programme de l’agrégation fait cette année un choix singulier en privilégiant non le poète Baudelaire mais le critique. Écrits sur l’art regroupe ainsi trois « salons », ceux de 1845, 1846 et 1859. Le second s’intéresse à Eugène Delacroix tandis que le troisième privilégie entre autres Edouard Manet. Le lien entre inspiration poétique personnelle et critique de l’œuvre artistique des autres n’en reste pas moins prégnant dans chacun des salons. D’où leur grand intérêt pour les amateurs de la poésie baudelairienne comme de la critique d’art. Les deux premiers salons sont antérieurs à la publication des Fleurs du mal (1857). Quant au plus tardif, il s’intéresse à la photographie, art nouveau qu’un artiste de la modernité tel que Baudelaire ne pouvait laisser pour compte (5).
L’Astrée d’Honoré d’Urfé : œuvre singulière sortie des radars scolaires
Au même titre que La Nouvelle Héloïse de Rousseau (au programme de la session précédente) L’Astrée d’Honoré d’Urfé (1557-1625) fait partie de ces phénomènes littéraires qui se sont éteints au fil des siècles. Sa scolarisation s’est faite essentiellement en contrepoint : L’Astrée (roman-fleuve) vs La Princesse de Clèves (roman classique), par exemple. Ce qui peut s’expliquer : il s’agit en effet d’un récit hors-normes de près de cinq mille pages divisées en cinq parties (seule la première est au programme), avec deux cents personnages et plus de quarante histoires plus romanesques les unes que les autres.
L’Astrée est définie par la critique universitaire comme un roman pastoral type où se débattent des gens de qualité ayant choisi comme lieu de vie un cadre bucolique au plus près d’une nature idyllique à l’époque d’un âge d’or. L’action se déroule au Ve siècle en Gaule tandis que l’intrigue s’enclenche sur la présomption erronée d’une bergère quant à l’infidélité de son amant, Céladon. S’en suit des rebondissements impliquant la présence du merveilleux sans compter des récits secondaires où libido dominandi et désir amoureux compliquent dangereusement les situations.
Le livre connaît un succès posthume sans précédent à la hauteur de la durée de sa composition, de 1607-1627, double décennie où Honoré d’Urfé fut gentilhomme ordinaire du roi Louis XIII. Représentatif du roman des deux premiers tiers du XVIIe siècle, L’Astrée, modèle de l’esprit précieux, devient une source d’inspiration pour Edmond Rostand quand il compose son Cyrano de Bergerac (1897). La réplique de la précieuse Roxane le confirme : « Non, il a les cheveux d’un héros de d’Urfé ! » (II, 6). Plus récemment, le roman pastoral n’a pas laissé indifférent le cinéaste Éric Rohmer qui s’est livré à une adaptation : Les Amours d’Astrée et Céladon (2007) (5).
Amoureux des belles lettres et futurs agrégatifs, vous avez le programme, à vous de vous en emparer !
A. S.
Ressources : Programme des agrégations de lettres
Pour une première approche des œuvres au programme de littérature
(1) https://www.youtube.com/watch?v=56aOaZah0nA
(2) https://www.youtube.com/watch?v=g_XxW7XZASk
(3) https://www.persee.fr/doc/dhs_0070-6760_1984_num_16_1_1509
(4) https://gallica.bnf.fr/blog/09112021/charles-baudelaire-critique-dart?mode=desktop
(3) https://actualitte.com/article/24061/bande-annonce/les-amours-d-astree-et-de-celadon-d-eric-rohmer-d-apres-l-astree-d-honore-d-urfe