Si l’on s’en tient au mot, la censure est une invention des Romains. Non seulement une invention, mais une institution des plus sérieuses, puisque, à l’origine, elle portait sur l’argent. Le censeur avait pour fonction initiale d’établir les rôles du cens, donc de classer les citoyens, et c’est ainsi que, petit à petit, il fut conduit à attribuer des « notes d’infamie » à ceux qui ne méritaient plus d’exercer la plénitude de leurs droits. On pourrait dire alors, en plaisantant, que le théâtre ne risquait plus grand-chose des censeurs, puisque l’acteur était déjà, simplement par sa profession, noté d’infamie, privé de ses droits civiques. Mais, par ailleurs, celui-ci jouissait, aux yeux du peuple comme aux yeux des élites, d’un prestige qui faisait de lui un « acteur-roi », et son activité n’était pas menacée par son statut. Dans ces conditions, restait-il aux censeurs quelque raison de s’intéresser au théâtre ?