Lire à voix haute / Littérature médiévale / BD et histoire / Un atelier d’écriture autobiographique en 3e

Au sommaire du n° 4 de « l’École des lettres » 2018-2019

LIRE À VOIX HAUTE

Lire à voix haute : un exercice à placer au cœur de la démarche pédagogique,
par Antony Soron et Sophie Chérer

Lire à voix haute un texte littéraire apparaît comme un exercice courant pour le professeur de lettres désireux d’engager son commentaire en classe. Néanmoins, au lieu de représenter un moment privilégié de plaisir partagé, cette lecture peut n’avoir qu’une fonction « rituelle » et ne pas bénéficier de l’attention des élèves: en effet, beaucoup font autre chose pendant que le professeur lit, considérant implicitement que les « choses sérieuses », c’est-à-dire scolaires, commenceront après, quand ils seront interrogés sur le texte. Ainsi « désacralisée », au fil des ans, la lecture à voix haute devient souvent déceptive pour l’enseignant comme pour les élèves.
Partant de ce constat, Antony Soron, maître de conférences à l’ÉSPÉ de Paris, a souhaité amener les professeurs stagiaires à s’interroger sur les enjeux de la lecture à voix haute.Pour ce faire, il a sollicité la bienveillante complicité de Sophie Chérer, romancière, essayiste et passionaria de la défense de la lecture… silencieuse, orale, scolaire, personnelle, peu lui importe, pourvu qu’elle soit vivante et « lecture plaisir ».

Lire à voix haute : une compétence à questionner,
par Antony Soron

L’idée de cette journée d’étude était d’inciter les professeurs stagiaires de lettres à s’interroger sur les enjeux de la lecture à voix haute, tant pour leurs élèves que pour eux-mêmes, tout en en mesurant les contraintes en classe. En répondant au questionnaire proposé, ils ont été amenés à déconstruire la fausse
évidence que représente l’acte de lire à voix haute au point d’en reconsidérer l’objectif fondamental : à savoir, celui de la transmission.
Le questionnaire communiqué aux professeurs stagiaires avant le début de la formation était celui-ci :
1. Aimez-vous lire à voix haute ?
2. Si oui, à qui ? dans quelles circonstances ?
3. À quelle occasion en avez-vous éprouvé du plaisir/du déplaisir pour la première fois ?
4. Aimez-vous entendre vos élèves lire à voix haute?
5. Pourquoi ?
6. Avez-vous constaté qu’ils lisaient globalement bien/mal ?
7. Selon vous, quelles sont les causes de votre constat ?
8. Quelles seraient, à votre avis, les mesures à prendre pour les aider à mieux lire ?

LIRE EN SIXIÈME

Lire toujours plus en classe de sixième : de la bibliothèque virtuelle au prix littéraire, récit d’expériences,
par Justine Galan

Dans des classes de sixième généralement surchargées, comment donner l’envie et le plaisir de lire à des élèves aux profils et aux niveaux très hétérogènes : bons lecteurs, mauvais lecteurs,
français langue seconde, dyslexiques, ULIS, PAP ? Les bons lecteurs sont souvent frustrés de ne pas pouvoir lire autant qu’ils le voudraient, et les lecteurs fragiles se trouvent trop peu sollicités, faute de temps. Comment faire, dès lors, pour encourager les bons lecteurs à lire et valoriser leurs performances ? Comment, dans le même temps, aider et encourager les lecteurs précaires ou réfractaires ? Voici quelques idées qui semblent avoir fait leurs preuves.

LITTÉRATURE MÉDIÉVALE

Étudier une chanson de geste en classe de cinquième : « Les Exploits héroïques de Guillaume d’Orange »,
par Jean-Pierre Tusseau

L’école des loisirs réédite aujourd’hui Les Exploits héroïques de Guillaume d’Orange, dont la première
édition était parue en 1987. Cette adaptation claire et fidèle est la seule à proposer une vision d’ensemble du « Cycle de Guillaume d’Orange  ». L’histoire d’un chevalier capable de bousculer son souverain et de vouloir couper la tête de sa reine, d’un chrétien, terreur des Sarrasins, épris d’une belle princesse sarrasine, ne pourra qu’intéresser les classes.

En français, on en recommandera naturellement l’étude en cinquième puisque les chansons de geste doivent, notamment, illustrer l’entrée : « Héros, héroïnes et héroïsmes». Parallèlement, l’étude du Moyen Âge en histoire permettra aux élèves de bien comprendre certains propos, croyances et attitudes des personnages.

BANDE DESSINÉE / HISTOIRE CONTEMPORAINE

« Vies volées. Buenos Aires, Place de Mai », de Matz & Mayalen Goust. Ellipses, regards et silences,
par Robert Briatte

Après l’âpre uchronie de la trilogie
Kamarades, publiée chez Rue de Sèvres avec Benoît Abtey & Jean-Baptiste Dusséaux pour le scénario, Mayalen Goust produit de nouveau avec Vies volées un très bel album, dont le roué Matz, plutôt adepte des thrillers, signe la prenante et très sensible
histoire. De Matz, on citera, entre autres titres, ses Balles perdues et Corps et âme, avec Walter Hill et Jef, ainsi que les deux tomes de Compte à rebours, avec l’ancien juge d’instruction Marc Trévidic et le dessinateur Giuseppe Liotti – tous ces ouvrages publiés, avec quelques autres encore, aux éditions Rue de Sèvres.

Voici donc une histoire qui, une fois encore, comme pour Kamarades, en appelle à la grande Histoire. « Grande » n’est peut-être pas le mot, d’ailleurs, si l’on considère la terrifiante mais banale logique qui amena tant de criminels ordinaires à se ranger du côté de la dictature militaire qui régenta d’une main de fer l’Argentine de 1976 à 1983. Des centaines d’enfants d’opposants assassinés, volés à leur naissance, furent adoptés par des familles proches du régime. En 1998, Mario, vingt ans, s’interroge sur sa filiation.

ATELIER D’ÉCRITURE (3e)
« SE RACONTER, SE REPRÉSENTER »

En quête de soi : un atelier d’écriture autobiographique en classe de troisième,
par Karine Veillas

Comment commencer l’année en classe de troisième ? Comment mettre en place un projet qui, à la fois, permette à l’enseignant de construire une relation de confiance avec sa classe, tout en aidant les élèves à apprendre à se connaître et à se respecter ? Comment développer en parallèle compétences langagières et culturelles et compétences émotionnelles et relationnelles ?
L’écriture autobiographique offre aux élèves de troisième, en pleine transition entre le collège et le lycée, entre adolescence et âge adulte, un moyen de réfléchir sur eux-mêmes à un moment crucial de l’élaboration de leur identité personnelle, sociale et scolaire. Ce projet peut s’envisager sous la forme d’un atelier d’écriture, autrement dit dans un espace et un moment spécifiques, avec éventuellement un écrivain comme animateur. Mais on peut également le proposer dans le cadre d’une séquence (d’un chapitre) de l’année.
Si la notion d’identité appartient traditionnellement plutôt au domaine de « l’éducation civique qui pose l’identité comme objet d’enseignement […] en articulation avec la citoyenneté et la nationalité », les programmes nous invitent à en faire un objet d’enseignement explicite en français, en lien avec la pratique langagière. La question
de la construction de soi constitue d’ailleurs une entrée du programme de français de cycle 4 : « Se chercher, se construire ».
En classe de troisième, le questionnement s’affine pour porter sur « Se raconter, se représenter ». Ces deux verbes insistent sur la mise à distance, par le biais de l’écriture, ou de la représentation au sens plus large, dans le cadre des arts visuels, par exemple.
La pratique de l’écriture autobiographique permet à la fois d’accompagner l’élève dans une réflexion sur son avenir et de participer à sa construction identitaire dans le cadre
du domaine 3 du socle commun, « la formation de la personne et du citoyen ».

Pour recevoir la version papier de ce numéro (96 pages, 12 €), écrire à L’École des lettres, 11, rue de Sèvres, 75006 Paris, en joignant un chèque postal ou bancaire à l’ordre de l’École des lettres.

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