Connaissez-vous le nouveau Parcours préparatoire au professorat des écoles (PPPE) ?
Recruter des professeurs en primaire (CRPE) ou secondaire (CAPES) devient tellement difficile que l’on est presque enclin à accueillir avec sympathie et bienveillance toute tentative d’amélioration de l’accès au métier d’enseignant.
C’est donc avec attention qu’il faut regarder la dernière expérimentation du ministère, le nouveau Parcours préparatoire au professorat des écoles (PPPE) proposé à tous les futurs bacheliers 2021, et accessible en formulant ses vœux dès maintenant sur Parcours Sup.
Avant même de s’interroger, critiquer ou polémiquer, il importe de commencer par informer professeurs et lycéens sur cette nouvelle voie d’accès au professorat.
Ce PPPE est en fait une licence inédite, doublement teintée d’hybridation, puisque effectuée en partie au lycée, en partie à l’université, mais aussi se présentant comme à la fois généraliste (pluridisciplinaire), spécifique (mention propre à chaque licence) et pré-professionnalisante (stages obligatoires).
Qu’est-ce que cela veut dire concrètement ?
Sur le modèle d’une classe préparatoire, le néo-bachelier inscrit en licence PPPE au sein d’un groupe de 30 à 40 élèves, suit en première année 75 % de ses cours en lycée (trois semaines), 25 % dans une université partenaire (une semaine) : les deux établissements sont jumelés, par exemple pour l’académie d’Amiens, un lycée de Beauvais et l’université Jules-Verne d’Amiens, pour l’académie de Lyon, un lycée de Saint-Étienne et l’université de Saint-Étienne et ainsi de suite. Au total sont proposés 25 partenariats pour 23 académies (dont l’Outre-Mer), pas forcément localisés dans la capitale régionale (exemple : pour l’académie de Bordeaux, tout a lieu à Pau, pour Lille, les centres sont à Dunkerque).
En deuxième année, le temps est partagé: 50 % lycée, 50 % université.
En troisième année, le temps est inversé : 25 % lycée, 75 % université : le parcours conduit naturellement à un 100 % universitaire en master.
Enseignements et stages
Concernant les enseignements, l’enseignement généraliste est donné au lycée, l’enseignement de spécialité à l’université. Selon les académies, le choix est donné entre licence de Lettres, Humanités, Mathématiques, Informatique, Arts plastiques, Staps, Langues, Sciences de l’éducation, Sciences de la vie, Sciences et technologie, Administration économique et sociale.
Les stages sont au nombre de trois : en première année, trois semaines d’observation, en deuxième année trois semaines de pratique accompagnée, en L3, un mois minimum à l’étranger. À terme, l’étudiant obtient la licence de sa spécialité, doublée du PPPE, et a un droit naturel à l’accès en master MEEF (Métiers de l’Enseignement, de l’Éducation et de la Formation). Il peut cependant se tourner vers le master de son choix, et n’est en aucun cas contraint d’embrasser la carrière de l’enseignement.
L’expérimentation fait le pari de la vocation, de l’engagement dès le baccalauréat, du contact régulier avec le terrain, l’école, le collège, de la polyvalence, de la diversité des enseignements et des profils, de la limitation des démissions de néo-titulaires, et prépare ainsi en douceur aux changements affectant les concours de recrutement, marqués par la valorisation de la motivation, de l’expérience professionnelle…
La formule PPPE peut-elle attirer ?
Les classes ouvertes seront-elles remplies à la rentrée ? Un engagement précoce ne va-t-il pas à contre courant des tendances actuelles de choix tardif et diplômes multiples? L’enseignement généraliste n’est-il pas un enseignement superficiel nuisant à un véritable apprentissage disciplinaire ? La répartition géographique en villes secondaires n’est-elle pas l’aveu d’un recrutement destiné prioritairement aux classes plus modestes ? D’autres modèles comme les Instituts de préparation aux enseignements du second degré (IPES) créés en 1956 et supprimés en 1978, qui permettaient aux étudiants en fin de première année d’université d’obtenir le statut d’élèves professeurs salariés n’auraient-ils pas été préférables ?
Espérons qu’expérimentation ne rime pas avec improvisation, que les lycées soient prêts et les programmes calés car si le contexte sanitaire n’a guère favorisé les forums et portes ouvertes et excuse la faible communication, les sites des lycées concernés sont encore bien peu loquaces : simple retard dans la mise en route ou symptôme de fragilité ?
Pour information et après bien des recherches sur les sites officiels du ministère et des établissements-pilotes, les plus motivés pourront découvrir l’emploi du temps suivant en première année : français : 6h, mathématiques : 6 h, philosophie morale et politique : 2 h, histoire-géographie : 2 h, sciences et technologie : 2 h, langue vivante : 2 h, arts plastiques-éducation musicale : 2 h.
Pascal Caglar