Au sommaire de « l’École des lettres », n°3, 2016-2017
Au sommaire du numéro 3 de « l’École des lettres », 2016-2017
LITTÉRATURE, TÉMOIGNAGE ET HISTOIRE CONTEMPORAINE
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◆ « Sothik », de Marie Desplechin, Sothik Hok & Tian, par Yves Stalloni & Stéphane Labbe
« Je suis allée au Cambodge à la fin de l’année 2014 pour donner un coup de main à une association française appelée Sipar, qui aide au développement de la lecture dans le pays. À mon arrivée dans la capitale, Phnom Penh, j’ai été accueillie par Sothik, le responsable cambodgien de Sipar. Durant le trajet en voiture qui nous emmenait vers la ville, il m’a parlé de son enfance. Il m’a dit: “J’ai beaucoup de choses à raconter, mais malheureusement je n’ai pas le temps de les écrire.” “Beaucoup de choses”, c’était le récit de son enfance broyée par la terrible guerre civile qui a ravagé son pays entre 1975 et 1979. À la fin des trois semaines qu’a duré mon séjour, après avoir vu de mes yeux tout le travail que faisait Sipar pour installer et faire- vivre des bibliothèques dans les écoles, les usines, les prisons, pour développer la lecture et pour fabriquer des livres, j’ai proposé à Sothik d’écrire avec lui l’histoire de son enfance. Je pensais qu’elle intéresserait tous les jeunes lecteurs, en France, au Cambodge et ailleurs. J’avais à peine formulé ma proposition que Sothik a commencé : “J’avais huit ans...” Tous ses souvenirs étaient là, prêts à être racontés… » Marie Desplechin
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DU ROMAN À LA BANDE DESSINÉE
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◆ « Le Journal d’Aurore », de Marie Desplechin & Agnès Maupré,
par Olivier Dufaut & Ophélie Praly
Élève de troisième, Aurore a quatorze ans et n’est « jamais contente ». En tout point banale, sa vie est remplie des petits riens qui rythment le quotidien de ces adolescents mal dans leur peau, contraints d’apprivoiser un corps en pleine transformation. En quête d’identité, elle décide de coucher sur le papier les questions existentielles qui l’animent, d’alléger ses états d’âme. Grincheuse, « toujours fâchée », forcément égocentrique, elle est impitoyable envers son entourage – famille, amis, amoureux – avec lequel la communication se révèle difficile, voire impossible. Elle incarne à merveille cette période ingrate, tant pour celui qui la vit que pour ses proches : l’adolescence.
Dix ans après le premier volet de la trilogie romanesque créée par Marie Desplechin, Aurore devient un personnage de bande dessinée sous le trait d’Agnès Maupré, dans un scénario coréalisé par l’auteur et la dessinatrice. Désormais, l’intrigue se déroule sur
deux tomes et non plus trois.
Conjointement ou indépendamment, roman et bande dessinée s’étudieront en français avec des élèves du cycle 4 et, notamment, dans le cadre du questionnement intitulé « Se raconter, se représenter » du programme de troisième, ou à l’occasion d’un EPI associant lettres et arts plastiques.
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THÉÂTRE DE JEUNESSE
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◆ Entretien avec Nathalie Papin, grand prix de Littérature dramatique jeunesse 2016 pour « Léonie et Noélie », par Jean-Claude Lallias
Le 17 octobre dernier, le Grand prix de littérature dramatique jeunesse 2016, décerné sous l’égide du Centre national des arts du cirque, de la rue et du théâtre, était remis à Nathalie Papin pour « Léonie et Noélie », une pièce publiée dans la collection « Théâtre » que Brigitte Smadja dirige avec passion à l’école des loisirs depuis plus de vingt ans.
L’École des lettres a demandé à Jean-Claude Lallias, conseiller théâtre auprès de la Délégation aux arts et à la culture du réseau Canopé, de bien vouloir interroger Nathalie Papin sur ce voyage au cœur de la gémellité particulièrement intéressant à faire étudier puisqu’il offre des résonances avec la plupart des autres pièces de l’auteur : Le Pays de Rien, Debout, Yolé tam gu, Mange-moi... D’autant que Nathalie Papin en livre plusieurs clés dans Faire du feu avec du bois mouillé, un dictionnaire très personnel sous-titré : « Petite conférence en abécédaire sur le théâtre que j’écris »…
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LITTÉRATURE CLASSIQUE
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◆ « Ben-Hur », de Lewis Wallace, du roman à la critique cinématographique,
par Stéphane Labbe
Les récentes Instructions officielles invitant à « découvrir, à travers des textes relevant des genres dramatique et romanesque, la confrontation des valeurs portées par les personnages », on peut imaginer, en classe de quatrième, la construction d’un groupement de textes prenant appui sur des classiques du roman américain du XIXe siècle.
Le professeur pourra retenir : – l’ouverture des Quatre Filles du pasteur March, de Louisa May Alcott ; – le chapitre XLIII de Ben-Hur, de Lewis Wallace ; – le chapitre intitulé « En brouette « , de Moby Dick, d’Herman Melville. Si les trois romans interrogent le rapport du héros à la morale chrétienne, les deux premiers peuvent se lire comme des apologies du christianisme, alors que le troisième porte un œil plus critique sur la société occidentale.
Parallèlement à l’étude du groupement de textes, on pourra donner à lire Ben-Hur, de Lewis Wallace, en lecture cursive et, ainsi, amorcer une courte séquence sur l’exercice de la critique cinématographique.
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EXPOSITIONS
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.◆ « Aventuriers des mers, de Sindbad à Marco Polo », les débuts de la mondialisation, par Olivier Bailly
L’Institut du monde arabe a récemment proposé « Aventuriers des mers, de Sindbad à Marco Polo». Cette exposition, consacrée aux grandes explorations maritimes du monde arabe, est co-produite par le MuCEM de Marseille. Elle y sera présentée du 7 juin au 9 octobre 2017.
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◆ « Oscar Wilde, l’impertinent absolu », retour sur une exposition événement,
par Olivier Bailly
Pour la première fois en France, une institution a consacré une grande rétrospective au poète, critique d’art, dramaturge et écrivain Oscar Wilde. « Oscar Wilde, l’impertinent absolu », qui fut présentée au Petit Palais, à Paris, retraçait le parcours de cette comète dont le génie fut avant tout de ne pas se contenter d’exister, mais de vivre. La toute dernière image exposée était une photo du tombeau d’Oscar Wilde au cimetière du Père-Lachaise : un bloc de pierre orné d’un sphinx sculpté par Jacob Epstein. Car Wilde est mort à Paris en 1900, dans le dénuement, à l’âge de quarante-six ans, peu après avoir purgé une peine de deux ans d’emprisonnement (1895-1897). Il avait été calomnié, diffamé, son œuvre était, disait-on, immorale. Son crime ? Avoir été homosexuel sous l’ère victorienne. Londres, qui l’avait condamné, n’a pas oublié de commémorer le centenaire de sa mort en lui consacrant deux grandes expositions en 2000. Si Paris l’a accueilli de son vivant, il aura donc fallu attendre 2016 pour que la ville rende enfin hommage à un homme qui, bien avant de connaître la disgrâce, y fut comme chez lui parmi les écrivains et les artistes de son époque.
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CINÉMA
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◆ « Une vie », de Stéphane Brizé, prix Louis-Delluc 2016, par Anne-Marie-Baron
Après La Loi du marché, Stéphane Brizé ne semblait pas porté à adapter au cinéma un roman classique du XIXe siècle. Surtout après le téléfilm d’Élisabeth Rappeneau, diffusé pour la première fois en 2004, et la mémorable adaptation de 1958 réalisée par Alexandre Astruc avec des interprètes prestigieux : Christian Marquand et Maria Schell…
Dix ans auparavant, Astruc affirmait le cinéma comme moyen d’expression à part entière et théorisait une nouvelle façon de filmer dans son fameux article sur la « caméra-stylo » paru dans L’Écran français. Il voyait dans la descente aux enfers de cette femme « le Maupassant du « Horla », celui qui devait mourir fou » (conférence donnée à Tours en mars 2005).
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◆ « Café Society », de Woody Allen. Les « beautiful people » à la veille de la Seconde Guerre, par Robert Briatte
Le dernier film en date du toujours jeune Woody Allen, paru récemment en DVD (Studiocanal, septembre 2016), est plein du charme d’une époque révolue – sans toutefois jamais céder à sa nostalgie : l’action se situe au milieu des années 1930, sans plus de précision (seuls les cinéphiles noteront que « The Woman in Red », avec Barbara Stanwyck, dont il est fugitivement question, date de 1935). À la fin de Café Society, on est
sans doute dans l’immédiat avant-guerre. On ne s’étonnera donc pas que ce film, pourtant enjoué, soit également porteur d’une étrange mélancolie qui nous cueille, comme par surprise, jusque dans ses dernières images…
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◆ Pierre Rissient, « Mister Everywhere », réalisateur, découvreur et cinéphile, par Norbert Czarny
Petite fiction… La Cinémathèque française organise une exposition consacrée à Pierre Rissient. On imagine les lieux qui ont compté pour lui ; le hall du cinéma Mac Mahon, par exemple, avec les photos du « carré d’as », les quatre réalisateurs qui représentaient, selon lui, la perfection cinématographique : Preminger, Losey, Lang, Walsh. Ils sont présents, ainsi que Lino Brocka, Clint Eastwood ou Bertrand Tavernier, à travers lettres et documents. En complément, l’institution propose un choix de films que Rissient a aimés, découverts ou produits. On voit les premiers Losey, des Ida Lupino, Mean Streets de Scorsese, La Leçon de piano de Jane Campion, Secrets and Lies de Mike Leigh, du vieux Mizoguchi, Au feu, les pompiers ! de Forman… Stop ! On rembobine la pellicule de rêve…
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LITTÉRATURE
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◆ « Le monde est mon langage », d’Alain Mabanckou. Citoyen de la littérature,
par Yves Stalloni
Natif de Pointe-Noire, au Congo-Brazzaville, ayant longtemps vécu en Europe, écrivant en français, installé à Santa Monica en Californie et enseignant à l’université de Los Angeles, Alain Mabanckou peut être considéré, bien que l’expression soit un peu usée, comme un «citoyen du monde ». Cet univers élargi ne doit rien à un banal appétit touristique, mais relève d’une passion plus noble, celle des mots, de la poésie, de la littérature qui, comme chacun le sait, abolit les frontières. De là le choix de ce très beau titre, Le monde est mon langage, aux accents poétiques, généreux et fraternels. De là ce livre hommage, dans lequel l’auteur fécond et fêté qu’est Mabanckou met sa propre personne entre parenthèses pour aller à la rencontre de ses pairs ou de quelques personnages plus obscurs au profil emblématique.
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◆ « Faire Charlemagne », de Patrice Delbourg. Un amoureux des lettres politiquement incorrect, par Alain Beretta
Ce n’est pas une étude historique sur le roi des Francs que nous propose Patrice Delbourg, mais bien un roman de notre époque dans lequel le héros, professeur de lettres, enseigne dans l’un des plus fameux lycées de Paris. En réalité, l’empereur à la barbe fleurie sert surtout de prétexte à l’expression qui donne son titre à l’ouvrage : «Faire Charlemagne », nous explique Delbourg, signifie « se retirer du jeu sans donner aux autres partenaires la possibilité de prendre leur revanche », attitude qui peut aboutir à quitter la vie subrepticement. C’est ce qui arrive, à la fin du roman, à son héros désespéré : « Une dernière fois, pendant son extrême léthargie, il aura peut-être tenté de faire Charlemagne en douce […], les pieds devant cette fois-ci, sans accorder la moindre chance de contrepartie à ses contemporains. »
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PÉDAGOGIE PRATIQUE
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◆ Réformer le questionnement des textes littéraires, par Antony Soron
Il est frappant de constater à quel point, au moment d’aborder une lecture analytique en classe, la curiosité des élèves se porte immédiatement non sur le texte support mais sur le questionnaire qui l’accompagne. Il s’agit d’une sorte de réflexe, comme si la question scolaire demeurait fatalement plus importante que le texte littéraire auquel elle se réfère. Ce réflexe peut aller jusqu’à entraver la lecture même du texte si l’élève constate une abondance de questions ou une difficulté conceptuelle dans le questionnaire. Ce recours au questionnaire se justifie, naturellement, par les modalités d’évaluation de la compréhension des textes, depuis l’épreuve nationale du brevet jusqu’à l’épreuve
anticipée de français au baccalauréat. Le poids de la finalité évaluative ne devrait pas nous empêcher de réfléchir à d’autres approches des textes, qui mettraient l’accent sur une appropriation concrète du sens par les élèves.
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SCOLARISATION DES ENFANTS ALLOPHONES
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◆ Le projet « mineurs isolés étrangers », une journée à l’ÉREA Édith-Piaf, par Lauriane Clément
Chaque mois, le Casnav de Paris organise une journée destinée aux mineurs isolés étrangers, afin d’accompagner leurs premiers pas dans le système scolaire français. Nous les avons suivis à l’ÉREA (Établissement régional d’enseignement adapté) Édith-Piaf, dans le XXe arrondissement. Une journée pour aider les nouveaux arrivants. Un par un, ils s’installent dans la salle de classe, le regard anxieux. Depuis des mois, ces jeunes migrants se battent pour arriver jusqu’ici. Maintenant qu’ils font enfin leurs premiers pas dans un établissement scolaire, ils ne savent pas vraiment à quoi s’attendre.
Aujourd’hui, l’ÉREA Édith-Piaf accueille une vingtaine de mineurs isolés étrangers dans le cadre d’une journée d’affectation tout spécialement créée pour eux. Le Casnav de Paris a été le premier à instaurer cette journée, au mois de novembre 2015. « Avant, les élèves arrivaient en cours d’année et étaient brutalement intégrés dans leurs classes, c’était dur pour eux. Cette journée est faite pour les accompagner un peu plus, les aider à s’intégrer et à s’orienter », explique Jean-Charles Depecker, inspecteur honoraire du Casnav de Paris, en charge de la session d’aujourd’hui. Alain Seksig, le directeur du Casnav de Paris, rêve de pouvoir étendre, dans un futur proche, ces formations à l’ensemble des jeunes accueillis.
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LA PROMOTION DE LA LECTURE
PAR LES PROFESSEURS DOCUMENTALISTES
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◆ Le Prix des Lecteurs en Seine, le Goncourt des collégiens et lycéens normands,
par Héloïse Lécaudé
Le Prix des Lecteurs en Seine a vu le jour dans le cadre des actions menées par « Lire en Seine », une association créée en 1986 à l’initiative de bibliothécaires et de professeurs documentalistes de certains collèges et lycées de l’agglomération d’Elbeuf (Seine-Maritime, académie de Rouen), désireux d’œuvrer ensemble à la promotion de la lecture.
Leurs interventions s’adressaient, à l’origine, à tous les publics et prenaient place au sein de l’opération nationale « Lire en fête » : rencontres avec des auteurs, spectacles, lectures de textes effectuées par les bibliothécaires dans le contexte scolaire, etc.
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• Tous les sommaires de 2008 à 2016.
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